Chez les chats, la taurine joue un rôle vital dans plusieurs fonctions physiologiques. Les propriétaires de chats doivent être attentifs à l'alimentation de leurs animaux de compagnie pour s'assurer qu'elle satisfait à leurs besoins nutritionnels, en particulier avec l'alimentation dite "naturelle".
Les chats ne peuvent pas synthétiser suffisamment de taurine, ce qui les rend dépendants de leur apport alimentaire. Fort heureusement, les aliments industriels sont formulés pour répondre à cette exigence nutritionnelle spécifique.
Mais quid des autres méthodes d'alimentation ?
La taurine, qu'est ce donc ?
La taurine est un acide aminé, ce qui signifie qu'elle est constituée de composés chimiques qui sont les éléments constitutifs des protéines. Elle est d'ailleurs dérivée d'autres acides aminés soufrés : la méthionine, la cystéine et la cystine (composée de deux molécules de cystéine).
La taurine tire son nom du fait qu'elle a été isolée pour la première fois dans la bile de taureaux (bovins), bien que sa présence ne soit pas limitée à cette source. On la trouve également dans les tissus musculaires, le cerveau et d'autres organes de divers animaux, y compris les poissons et les humains.
La taurine joue un rôle essentiel dans plusieurs processus physiologiques. Elle est indispensable pour la croissance, la fonction de reproduction, au bon fonctionnement du cœur, des muscles et de la vision. Elle est aussi un précurseur des acides biliaires, permettant la digestion des lipides et aide également aux mouvements du potassium, du sodium, du calcium et du magnésium à travers les cellules. En revanche, elle ne participe pas à la synthèse des protéines.
On qualifie la taurine d'acide aminé essentiel, car le chat n'est pas en capacité de fabriquer ce nutriment en quantité suffisante pour couvrir ses besoins. En effet, même si nos chats possèdent les enzymes nécessaires à sa synthèse, deux d'entre-elles n'ont pas une activité suffisante. Je veux parler de la cystéine dioxygénase et de l'acide cystéine-sulfinique décarboxylase. Les chats doivent donc s'en procurer par le biais de leur alimentation.
On estime le besoin quotidien en taurine à au moins 20 mg pour un chat de 4,5 kg.
Où trouve t-on la taurine ?
Elle se trouve presque exclusivement dans les produits d’origines animales. On en retrouve en grande quantité dans la viande, le cœur, la langue, mais également dans les fruits de mer. Les produits végétaux contiennent des quantités de taurine très faibles voire indétectables.
À noter que la concentration en taurine peut varier au sein d'un même animal, en fonction du morceau de viande. Ainsi, la concentration en taurine est bien plus élevée dans les cuisses de volaille par rapport au blanc (filet). Certaines espèces animales sont également plus pauvres en taurine que d'autres.
Il n'est pas aisé de trouver les concentrations en taurine, le CIQUAL par exemple ne donne aucune indication sur ce point. Pourquoi ? Car elle n'est pas essentielle pour l’humain, il n'y a donc pas d'intérêt à analyser les quantités de taurine présentes dans les différents aliments.
Sur le blog du Dr Vet Géraldine Blanchard, on peut trouver les informations suivantes :
- Viande de bœuf maigre 312 (min 277 - max 348)
- Coeur de bœuf 652 (min 254 - max 851)
- Foie de bœuf 688 (min 401 - max 1023)
- Blanc de poulet 159 (min 102 - max 387)
- Cuisse de poulet 1690 (à ± 370)
- Viande de porc 350 (min 370 - max 610)
- Lapin 373 (min 347 - max 399)
- Poisson 1138 (min 920 - max 1542)
- Filet de cabillaud 314
Les quantités étant exprimées en mg de taurine par kg de viande crue.
L'impact de la cuisson
On peut lire tout et son contraire sur le sujet. D'après certaines sources, la taurine n'est pas affectée par la chaleur, alors que d'autres sources affirment le contraire.
L'étude Spitze et al. J. Anim. 2003 présente la teneur en taurine d'ingrédients courants, et compare la perte de taurine résultant de différentes méthodes de préparation des aliments. Les aliments ont été sélectionnés en fonction de leur utilisation dans les régimes alimentaires commerciaux et préparés à la maison.
La quantité de taurine restant dans un ingrédient alimentaire après cuisson dépend surtout de la méthode de préparation des aliments.
Les méthodes de préparation des aliments qui minimisent les pertes en eau, telles que la cuisson au four ou la friture, ont contribué à des taux plus élevés de rétention de la taurine selon Spitze et al. J. Anim. 2003.
L'alimentation industrielle
Lors de la fabrication, les aliments industriels sont soumis à des contraintes de température et de pression. Par exemple, les ingrédients sont soumis une chaleur comprise entre 90 et 140° C lors de l'extrusion des croquettes ou l'appertisation des boites. Ces différentes contraintes détruisent une partie de la taurine et affectent aussi la biodisponibilité de ce qui reste.
Afin de contrer ce problème, de la taurine est ajoutée aux aliments industriels : au moins 1000 mg taurine/kg MS dans les croquettes ou 1700 mg taurine/kg MS dans les boites de pâtée. Des taux minimum de présence de taurine sont à respecter dans les aliments pour chats (voir guide nutritionnel de la FACCO).
En fonction de la quantité et de la qualité des protéines, du taux de fibres et du type de traitement thermique, les industriels adaptent la quantité de taurine ajoutée à leurs produits. Sur l'étiquette des aliments pour chat, vous trouverez facilement la quantité ajoutée par le fabricant.
L'alimentation maison
En théorie, dans le cas d'
Mais comme la taurine est soluble dans l’eau, si une viande est bouillie ou (dans une moindre mesure) cuite à la vapeur, elle perdra plus de taurine que si elle avait été cuite à la poêle. On évitera donc la cuisson à l'eau des viandes et poissons dans la préparation d' pour chat.
Un autre détail qui peut sembler anodin : la congélation. Lors de la décongélation d'une viande, une partie de l'eau est relâchée, et avec cette eau une partie de la taurine également. Mais là encore, les quantités restantes sont suffisantes dans le cas d'un menu couvrant correctement les besoins en protéines.
Les risques d'une carence
Une carence en taurine chez le chat entraîne de très nombreux troubles pouvant aller jusqu'à la mort de l'animal.
Parmi ces troubles, on note :
- une dégénérescence de la rétine menant à une cécité irréversible
- une dégradation du muscle cardiaque (cardiomyopathie / insuffisance cardiaque)
- un développement anormal des chatons (tératogénicité)
- une mauvaise digestion des lipides
- une réponse immunitaire insuffisante
- des anomalies congénitales
A l'inverse, aucune étude scientifique ne montre de toxicité en cas d'excès de taurine. Le "surplus" étant naturellement excrété dans les urines.
Comme vous l'aurez compris, il n'y a aucune inquiétude à avoir avec les aliments industriels. Avec une alimentation maison, il est préférable de consulter un professionnel de la nutrition animale au moindre doute.
