
Combien de fois ai-je pu lire ceci : "le chien de mon grand-père a vécu 20 ans avec des restes". Cette anecdote revient régulièrement sur les réseaux sociaux lorsqu'on aborde le sujet des croquettes. L'idée sous-jacente étant qu'avec l'arrivée des croquettes, l'espérance de vie des chiens et des chats aurait diminuée.
La réalité statistique montre clairement que nos chiens et nos chats vivent plus longtemps aujourd'hui qu'il y a 20 ans. Même si, effectivement, nous avons tous connu dans notre entourage proche des animaux avec une longévité exceptionnelle.
Espérance de vie, définition
Au cours des 20 dernières années, les carnivores domestiques n’ont eu de cesse de s’imposer dans les foyers français. Les propriétaires s'inquiètent particulièrement de la santé de leurs animaux, et de fait, de leur espérance de vie.
Selon l'INSEE, cette dernière représente la durée de vie moyenne qu’un individu peut espérer atteindre à un âge donné, aux conditions de mortalité appliquées à cet âge. Cette donnée statistique est largement utilisée chez l’Homme. Notamment pour l’analyse de la santé des populations, ainsi que pour établir des projections démographiques.
Chez les animaux, les premières publications datent de la fin des années 1950 avec des études sur des chiens et des chevaux de différentes races. Depuis, l’étude de l’espérance de vie des animaux domestiques et des animaux sauvages en captivité s’est développée à l’échelle mondiale. Ces recherches visent principalement à évaluer leur bien-être, en examinant les causes de mortalité et les facteurs influençant leur longévité.
Les données en France
Une étude coordonnée par la Fédération des Fabricants d'Aliments pour Chiens, Chats, Oiseaux et autres animaux familiers (FACCO) est réalisée tous les deux ans depuis 2003 sur un échantillon représentatif de la population française par l’institut de sondage Kantar TNS.
Cette étude montre qu'entre 2003 et 2022, l’âge moyen de décès des chats a progressé de pratiquement quatre ans passant de 9,6 ans à 13,1 ans. L’âge moyen de décès des chiens a progressé également d’un an environ, sur cette même période, passant de 11,6 ans à 12,5 ans.
Bien qu’il soit impossible d’affirmer que cette évolution est directement liée à l’alimentation industrielle, qui reste le mode d’alimentation majoritairement adopté par les propriétaires, rien n’indique non plus qu’elle ait un effet négatif sur l’espérance de vie des animaux de compagnie.
Focus sur le chat
Parallèlement à l’augmentation du nombre de chats domestiques, leur espérance de vie a considérablement progressé. Cette évolution s’explique principalement par une diminution de la mortalité des chats au cours de leurs premières années de vie.
Les chats vivant en région parisienne bénéficient de la plus grande longévité. Avec un gain de près de 3 ans par rapport à leurs congénères ailleurs en France.
Fait intéressant, l’augmentation de l’espérance de vie des chats ne semble pas être liée à une hausse du nombre de visites vétérinaires. En revanche, la stérilisation a connu une forte progression entre 2003 et 2020. Passant de 60% à 85% pour les femelles, et de 72% à 86% pour les mâles.
La principale cause de mortalité reste le traumatisme et notamment l’accident de la voie publique. Viennent ensuite les maladies rénales, les problèmes urinaires, les infections, les cancers et enfin les maladies cardiovasculaires.
Focus sur le chien
Les causes de mortalité qui reviennent le plus souvent sont la vieillesse et la sénilité. Viennent ensuite les cancers, les problèmes musculosquelettiques (pouvant mener à l’euthanasie, qui était parfois classée comme cause de mortalité), les traumatismes, les problèmes cardiaques et enfin les problèmes neurologiques.
Une nouvelle menace pèse cependant sur nos chiens : l’obésité. En effet, celle-ci diminue l’espérance de vie et favorise de nombreuses maladies. La gestion du surpoids chez le chien s'avère complexe et nécessite souvent l'aide d'un professionnel de la nutrition canine.
Il est recommandé d'identifier les facteurs de risque pour mieux prévenir son apparition. Parmi les facteurs de risque déjà mis en évidence figurent la race, la stérilisation, le type d’alimentation (nourriture humide, friandises, restes de table...) ainsi que les modalités de distribution des repas.
Les chiens souffrant de surcharge pondérale vivent en moyenne 2 ans de moins que les chiens ayant un poids normal.
Les habitudes alimentaires
L’achat de croquettes pour nourrir son chien a fortement augmenté au cours de ces 20 dernières années. De la même façon, la consommation de croquettes a doublé chez le chat sur la même période.
Même s'il s'agit d'une alimentation industrielle transformée, les croquettes restent des aliments complets et équilibrés. Si vos croquettes sont adaptées aux besoins de votre animal, elles seront alors toujours préférables à une ration ménagère mal gérée. Elles seront également préférables à une alimentation de type BARF élaborée à partir de pourcentages arbitraires ne prenant pas en compte les particularités de votre chien ou de votre chat.
Aujourd’hui, la bi-nutrition, c’est-à-dire donner un aliment sec et un aliment humide à son animal, est le modèle d’alimentation privilégié pour nourrir son chat. Cette pratique est notamment encouragée par les vétérinaires pour s’assurer que le chat s’hydrate correctement. Chez le chien, la bi-nutrition est naturellement préférée par les propriétaires d'animaux seniors.
De nombreux autres facteurs contribuent très certainement à l’augmentation de la longévité moyenne. Je pense aux avancées de la médecine vétérinaire, au taux de médicalisation, à la stérilisation, etc...