Les modifications hormonales liées à la stérilisation ont des conséquences physiologiques qui impactent l'alimentation.
Bien souvent, une prise de poids survient quelques mois après l'opération. Il est nécessaire de surveiller attentivement le poids de votre chien ou de votre chat stérilisé, et si besoin, d’adapter son alimentation et/ou son exercice physique en conséquence.
Certaines races sont particulièrement disposées à l’embonpoint. Une modification de la ration est alors conseillée immédiatement après la stérilisation.
Castration et stérilisation
On entend souvent parler de castration et de stérilisation, mais quelle est la différence ?
La stérilisation consiste à supprimer la capacité de l’animal à procréer. La castration consiste à supprimer les gonades (glandes sexuelles), les testicules chez le chien et les ovaires chez la chienne afin de les rendre stériles. La castration provoque donc systématiquement une stérilisation définitive de l'animal.
Mais il existe d’autres méthodes de stérilisation que la castration. Chez la femelle, on peut opter pour un traitement hormonal sous forme de pilules contraceptives. Chez le mâle, on peut utiliser la castration chimique qui se fait par le biais d’un implant contraceptif arrêtant la sécrétion de testostérone. Ces méthodes sont réversibles et n'entrainent pas une stérilisation définitive de l'animal.
La prise de poids
La prise de poids correspond à une augmentation de la masse graisseuse chez l'animal.
La stérilisation est un facteur de risque majeur pour la prise de poids et l’obésité chez les carnivores domestiques, comme le montre cette étude du Dr Laurence Colliard. Chez les chats, on note une tendance plus marquée pour les mâles que pour les femelles.
Plusieurs facteurs peuvent conduire à la prise de poids d’un animal : l’augmentation de la prise alimentaire, la diminution du métabolisme ou parfois la diminution de l’activité physique. On établit pour chacun d’entre eux un lien avec la stérilisation.
La sensation de faim
Tous les propriétaires d'animaux stérilisés le savent, ils ont clairement l'impression que leurs chiens ou leurs chats ont tout le temps faim !
Une expérience a été menée sur des chiennes Beagle nourries à volonté après leur stérilisation. Elles se sont avérées incapables de contrôler leur prise alimentaire et sont toutes devenues obèses. En revanche, la restriction alimentaire a permis de diminuer la masse graisseuse. De même, des chattes stérilisées n’ont pas su réguler leur prise alimentaire en comparaison avec des chattes entières. Là aussi, une restriction a été nécessaire pour éviter la prise de poids.
Comment expliquer ce phénomène ?
La sensation de faim est régulée par deux hormones, la ghréline et la leptine. La ghréline est l’hormone qui va donner la sensation de faim. La leptine va, quant à elle, donner la sensation de satiété. La diminution de la production des hormones sexuelles (œstrogènes et testostérone) impacteraient la synthèse de ghréline et de leptine. Cela aurait pour conséquence une augmentation significative de la sensation de faim.
Le besoin énergétique
Suite à la stérilisation, on note une diminution du métabolisme basal. C'est-à-dire la quantité de calories nécessaires pour faire fonctionner le corps d'un individu au repos. Et cela quel que soit l’âge ou le sexe de l'animal. On suppose qu'une quantité importante d’énergie est utilisée pour la production des hormones sexuelles avant la stérilisation.
En 1991, une étude sur la production de chaleur entre des chats intacts et des chats stérilisés a permis de montrer que le métabolisme basal diminue suite à la stérilisation. Cette diminution est de l'ordre de 28% pour les mâles et de 33% pour les femelles. Cette autre étude de 2001 confirme la nécessité de réduire de 20 à 30% l'apport en calories après une stérilisation chez le chat.
L'expérience menée sur des chiennes Beagle arrive à peu près au même résultat avec une diminution d’environ 20 à 30% du besoin énergétique.
Par ailleurs, le calcul du besoin énergétique d'entretien, que ce soit pour le chien ou le chat, contient un facteur stérilisation. Il est communément admis que la stérilisation diminue d'environ 20% le besoin énergétique d'un animal.
Réduire les apports en calories
La première chose à faire est donc de diminuer l'apport calorique quotidien.
Si votre animal est aux croquettes, le conseil habituel consiste à diminuer la ration en ajoutant des légumes pour réduire la sensation de faim. Mais cela revient à réduire aussi l'apport de tous les autres nutriments, y compris ceux qui sont indispensables (protéines). Ce n'est donc pas toujours la solution la plus efficace ni même la plus intéressante.
Si votre animal est à la ration ménagère ou au BARF, il convient de recalculer ses menus. L'idée globale étant de diminuer l’apport calorique tout en maintenant un niveau équivalent en protéines, vitamines et minéraux.
Aucune étude n’a réellement mis en évidence une augmentation de la digestibilité des nutriments suite à la stérilisation. Il faut en revanche noter que celle-ci varie de manière importante en fonction de la nature de l’aliment.
Comment choisir le bon aliment ?
Le choix de l'aliment post-stérilisation doit se faire de manière raisonnée.
Aux premiers signes de baisse d'activité et/ou de prise de poids, il faut réagir et passer progressivement à un aliment de densité énergétique 20% inférieure à l'aliment habituel. Cela permet de distribuer la même quantité journalière tout en apportant moins de calories.
Tout d'abord, il est nécessaire d'évaluer le rapport protido-calorique minimal. Ensuite, il convient de choisir des aliments présentant un RPC supérieur. Parmi ces aliments, il sera intéressant de choisir celui qui présente la plus petite valeur en énergie métabolisable (kcal/100g).
Au sein d'une même marque, l'aliment dit stérilisé ou light doit toujours avoir une énergie métabolisable inférieure à l'aliment standard. On trouve cette information sur les fiches techniques des aliments vendus chez les vétérinaires. Pour les produits du commerce, il est parfois nécessaire de l'estimer à partir de l'analyse moyenne indiquée sur l'étiquette.
Les croquettes spécialisées
Après l'opération, votre vétérinaire a certainement dû vous proposer une alimentation spécifique. Et je parie que vous avez lu un jour que toutes ces croquettes spéciales ne sont que du marketing. Mais avez-vous déjà vraiment comparé ?
Toutes les croquettes pour animaux stérilisés (ou light) ne se valent pas. Pour les marques sérieuses (incluant certaines marques vétérinaires) la gamme stérilisé est réellement intéressante et présente de sérieux atouts.
Comparons ensemble deux produits de la marque Virbac :
A première vue, les deux références se ressemblent beaucoup. Mais en regardant attentivement, on se rend compte que l'énergie métabolisable passe de 370 à 315 kcal/100g (-15%). Ce qui signifie qu'à quantité égale dans la gamelle, l'animal ingère 15% moins de calories.
Le taux de matière grasse passe de 17% à 13,5% ce qui est intéressant car un aliment fournissant davantage de calories via les graisses aura tendance à favoriser les graisses corporelles. Le taux de cellulose brute passe de 5% à 10,5% ce qui permet d'augmenter la satiété.
Au niveau de l'apport en protéines, le taux ne bouge pas (34%) mais comme la densité énergétique diminue, la "concentration" en protéines augmente. Ainsi, le RPC du produit "adult" est de 92 contre 108 pour le produit "neutered" ce qui permet d'augmenter la quantité de protéines ingérées afin de préserver la masse maigre de l'animal.
Cet exemple illustre parfaitement ce qu'une gamme stérilisé ou light doit proposer !
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