Même s’ils sont parfois pointés du doigt, les lipides sont indispensables pour les chiens et les chats. Les chiens (plus encore que les chats) sont naturellement attirés par les aliments riches en lipides.
Ceux-ci fournissent des acides gras essentiels qui ne peuvent pas être synthétisés par l’organisme. Les lipides, et surtout les acides gras insaturés, sont les constituants majeurs des membranes cellulaires et des cellules du système nerveux.
Les lipides sont également une source d’énergie importante. Contrairement aux protéines et aux glucides qui fournissent 4 kcal par gramme, les lipides fournissent 9 kcal par gramme. Ils participent donc à la couverture des besoins en énergie.
Les lipides en détail
Les graisses sont la source énergétique de référence pour l’organisme du chien ou du chat, qui les oxyde (grâce à l’oxygène) pour en tirer l’énergie dont il a besoin.
Les lipides sont de petites molécules hydrophobes ou amphipathiques principalement constituées de carbone, d’hydrogène et d’oxygène avec une densité inférieure à l'eau. Les lipides peuvent être à l'état solide, comme dans les graisses, ou liquide, comme dans les huiles.
Il n'existe pas de classification unique des lipides du fait de leur diversité. Le plus généralement, on va classer les lipides en acide gras saturés, insaturés ou trans.
Les acides gras saturés se trouvent surtout dans les graisses d’origine animale. Consommés en excès, ces acides gras augmentent la synthèse de mauvais cholestérol, le risque de diabète, l'hypertension et les problèmes cardiovasculaires.
Les acides gras insaturés sont ceux qu'il convient de privilégier pour diminuer son taux de mauvais cholestérol sanguin. Ils sont qualifiés de « bons » gras pour la santé cardiovasculaire. Cette famille d’acide gras se divise en deux sous-catégories : les monoinsaturés (oméga 9) et les polyinsaturés (oméga 3 et oméga 6) présents essentiellement dans les produits végétaux et les poissons gras.
Les acides gras trans, ou graisses hydrogénées, ont été créés par les ingénieurs agroalimentaires à la demande des industriels. Cela leur permet de supporter de hautes températures de cuisson et de préserver les aliments. Vous les retrouvez donc dans les biscuits, les plats préparés, les viennoiseries… ce ne sont pas les études qui manquent pour prouver leur nocivité comme le montrent les rapports de l’AFSSA ou de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments en 2015.
Les acides gras essentiels (AGE)
Ce sont les acides gras oméga 6 (acide linoléique) et oméga 3 (acide alpha-linolénique).
Les oméga 6 se trouvent essentiellement dans les graisses animales et certaines huiles végétales (colza, noix, bourrache, pépin de raisin). Quant aux oméga 3 on les trouve dans certaines plantes oléagineuses (lin), dans les crustacés, les mollusques (moules) et les poissons gras d’eaux froides (saumon, sardine, maquereau, thon). Mais aussi à plus petite dose dans certaines huiles végétales comme celle de colza ou de soja.
À partir de l’acide alpha-linolénique (ALA) peuvent être synthétisés les acides eicosapentaénoïque (EPA) et docosahexaénoïque (DHA). Cependant, les EPA/DHA ne peuvent être synthétisés en quantité suffisante pour répondre aux besoins de l’organisme, même en présence d’ALA. C'est vrai pour le chien, mais encore plus pour le chat où cette synthèse est inefficace. Les EPA/DHA sont de ce fait considérés comme indispensables.
On trouve l’EPA et le DHA dans les huiles de poissons tels que l’huile de sardine, de hareng, de thon ou de saumon. Les EPA/DHA sont désormais considérés comme indispensables en période de reproduction, de croissance pour le développement du cerveau et de la rétine, et lors de l'âge sénior.
Le rapport entre les oméga 3 et oméga 6 est très important car un déséquilibre entre ces deux types d’acides gras peut être néfaste. Par exemple, les oméga 6 consommés en excès empêchent les oméga 3 d’exercer leur effet bénéfique. Ils ont un effet anti-inflammatoire lorsque le ratio oméga 6/oméga 3 est adéquat, c’est-à-dire en dessous de 5 comme le conseille l’AFSSA et les vétérinaires nutritionnistes.
A l’inverse, des niveaux très élevés d'acides gras oméga 3 à longue chaîne peuvent diminuer l'immunité cellulaire, en particulier en présence d'un faible taux d'acides gras oméga 6 (Hall JA et al. 1999, Wander RC et al. 1997).
Les autres rôles des lipides
Dans l'organisme, certaines vitamines ne peuvent être transportées qu'avec l'aide des lipides. On les appelle les vitamines liposolubles : vitamines A, D, E et K. Les acides gras permettent également la synthèse de certaines hormones directement dérivées du cholestérol : œstrogènes, testostérone et cortisol.
Les acides gras assurent aussi la plasticité et l'élasticité de la peau car ce sont des constituants importants des cellules du derme. Les monoinsaturés ne sont pas des acides gras essentiels mais sont une composante clé des cellules du système nerveux.
Mais attention !
Un régime alimentaire riche en lipides, qui excède les besoins énergétiques, peut entraîner l’obésité. Il existe également un lien entre des apports élevés en lipides et un risque augmenté de maladies cardiovasculaires, cancer et résistance à l’insuline menant au diabète de type 2.
Le type d’acide gras consommé en excès joue un rôle déterminant dans cette relation. Les graisses saturées ainsi que les gras trans sont à éviter autant que possible.
La carence est-elle possible ?
Aussi étonnant que cela puisse paraitre… oui la carence est possible. Les symptômes sont l’inappétence de la ration, une léthargie, des carences en vitamines, un poil terne, une peau en mauvais état ou des troubles de la reproduction.
Nous n'avons pas de risque de carence nutritionnelle si on respecte la recommandation minimale pour tous les acides gras essentiels. Ceci inclue les précieux acides gras EPA et DHA.
Les chiens nourris avec des aliments contenant des niveaux normaux en protéines tolèrent des niveaux en matière grasse très élevés. L'étude de Wyatt de 1963 en est le parfait exemple avec des chiens de traîneaux recevant des rations composées à 40% de lipides. Toutefois des aliments très gras à très faible teneur en protéines ont été associés à des effets indésirables sur les chiens par Lindsay ST en 1948.
Déterminer le besoin
Le gras c’est la vie mais trop de gras c’est le mal... mieux vaut donc ne pas trop en abuser. D’ailleurs, un excès de gras peut se voir relativement vite en entrainant des diarrhées et, sur le plus long terme, des problèmes de surpoids et d’obésité.
Un minimum pour une croquette de qualité sera d’environ 12% de lipides sur matière sèche. Cette indication est valable pour un animal sain sans pathologie ni problème particulier. Avec pour les oméga 6 une teneur minimum comprise entre 1 à 2% sur matière sèche.
Concernant les oméga 3, il faut veiller à rester sur un rapport oméga 6/oméga 3 inférieur ou égal à 5. On peut tolérer un rapport allant jusqu’à 8 au maximum. Au-delà, il convient de complémenter les croquettes avec un apport externe d’oméga 3, sous forme de gélules par exemple. Vous pouvez complémenter avec de l’huile de poisson mais attention aux délais assez courts de conservation et aux risques de rancissement.
Pour les EPA/DHA (qui ne représentent pas tous les oméga 3), l’idéal est d’avoir un apport minimum de 0,03% sur matière sèche.