Combien de fois on entend dire qu'un carnivore ne doit manger que de la viande ?
Nos chiens et nos chats sont des carnivores, oui, on est bien d'accord... mais... carnivore opportuniste comme le chien ? carnivore strict comme le chat ?
On vous explique car la viande c'est bien mais ça ne fait pas tout non plus.
Définition du mot "carnivore"
Définition du Larousse : "qui se nourrit de chair". Cherchons une définition plus sérieuse et un poil plus scientifique...
Chez Futura Sciences on trouve déjà une définition un peu plus détaillée : "Un carnivore est un organisme qui se nourrit de tissus animaux, généralement de la viande (muscle), vivants ou morts (nécrophagie). Les carnivores sont aussi un ordre de mammifères dont les dents (crocs) ont évolué pour déchirer la viande. Cet ordre est composé du sous-ordre des caniformes (chiens, ours, phoques...) et de celui des féliformes (chats, genettes, hyènes...)".
Aujourd'hui, on dénombre 286 espèces vivantes de carnivores, dans 93 genres, répartis dans 7 familles. Et tous ne sont pas à la viande loin de là... de la fouine de 30 g à l'éléphant de mer de 3 tonnes, ils sont très différents par leurs habitats et leurs régimes alimentaires.
Les caniformes
Les caniformes sont le sous-ordre des carnivores contenant la famille des canidés incluant le chien. Les canidés sont des mammifères carnassiers aux canines développées et aux molaires nombreuses. Parmi leurs traits caractéristiques figurent un museau allongé, des pattes hautes avec 4 à 5 doigts. Les griffes ne sont pas rétractiles, comme les loups, les chiens, les chacals ou les renards".
Les féliformes
Les féliformes sont le sous-ordre des carnivores contenant la famille des félins. Les griffes des féliformes sont rétractiles (pour la plupart). On y distingue les grands félins (pantherinae) des petits félins (felinae). Parmi leurs traits caractéristiques figurent leur tête ronde au crâne raccourci, leur mâchoire d’environ trente dents, et leurs griffes rétractiles. Exception faite du chat viverrin et du chat à tête plate (semi-rétractiles) et du guépard (non rétractiles).
Et la nutrition alors ?
Pour le moment, même si cela est très intéressant, on n'avance pas d'un point de vue nutrition.
On note tout de même qu'un chien n'est pas un chat d'un point de vue classification des carnivores. Ca tombe plutôt bien car c'est la même chose niveau nutrition. On note aussi que le "carnivore" représente une très vaste famille accueillant bon nombre d'animaux différents ayant des régimes alimentaires tout aussi différents. L'idée simpliste que carnivore = viande est déjà loin, très loin, très très loin...
Le panda, le carnivore devenu herbivore
Tout le monde connait cet animal sauvage aux allures de gros nounours, mangeur de bambou. Mais savez-vous que le panda est à la base... un carnivore. Le panda raffole du bambou et pourtant il ne le digère pas car sa flore intestinale est celle d'un carnivore. Cette révélation fracassante vous scotche, non ?
On savait déjà que le panda avait un système digestif identique à celui d'un carnivore, avec un seul estomac et un intestin assez court.
Une étude publiée le 19 mai 2015 dans la revue American Society for Microbiology est particulièrement intéressante : elle porte sur 45 pandas, à trois saisons distinctes (au printemps, en été et à l'automne). Après analyse de leurs selles, les chercheurs ont retrouvé deux familles de bactéries dominantes chez... les carnivores.
Selon une équipe internationale coordonnée par Jun Wang de l'Institut de génomique de Pékin, le génome du panda (21 000 gènes, 2,4 milliards de bases) contient tous les gènes codant les enzymes caractéristiques d’un régime carnivore. Mais l'animal aurait perdu, par mutation d'un gène, la capacité gustative nécessaire pour apprécier la viande. C'est fou, non ?
Le grand panda serait donc devenu herbivore alors qu'il ne produit même pas les enzymes susceptibles de dégrader la cellulose des végétaux. Et après on se demande pourquoi le panda passe son temps à manger des kilos et des kilos de bambou par jour, à tel point qu'il en oublie de se reproduire. Il faut savoir choisir entre manger ou avoir une vie sexuelle.
Pourquoi parler du panda ? pour montrer que la morphologie (les dents, la longueur des intestins, l'estomac...) ne suffit pas à déterminer le régime alimentaire d'un carnivore. Le microbiote et la génétique ont une grande part de responsabilité.
D'autres exemples ?
On pourrait également parler du loup fouisseur qui se nourrit de termite. Du raton laveur qui se nourrit de noix, de baies et de temps en temps de petits mammifères ou d'invertébrés. Ou encore du panda roux qui se nourrit de bambous, de poissons et d'insectes. Même la petite coccinelle est considérée comme étant carnivore.
Si on regarde attentivement, l'ordre des carnivores comporte majoritairement des... omnivores !
On classe un animal comme étant un carnivore non pas par son régime alimentaire, mais par rapport à la forme de son crâne, de ses canines inférieures saillantes et de ses molaires peu aptes à la mastication.
Le chat et le chien
Les chiens ont acquis en quelques dizaines de milliers d’années une extraordinaire diversité génétique entraînant la création (en grande partie grâce à l'homme) de 342 races officiellement reconnues par la Fédération Cynologique Internationale (FCI). Différentes études démontrent que le système digestif du chien a une meilleure capacité de dégradation, de transport et d'absorption de l'amidon que celui du loup.
Contrairement au chien, le chat est un carnivore strict avec des besoins plus élevés en protéines et une moindre tolérance aux glucides (amidon). Le régime alimentaire du chat est composé essentiellement de viande pour lui apporter toutes les protéines qui lui sont nécessaires à "tout faire" dans son organisme. Au-delà des protéines, le chat a un besoin en fibres et en acides gras essentiels sans oublier le calcium, le phosphore et les vitamines.
La carnivore conclusion
Le régime alimentaire des carnivores est constitué en grande partie de viande. Mais cette définition seule ne suffit pas à déterminer le régime alimentaire idéal du chien et du chat qui sont tous deux des carnivores domestiques avec des besoins nutritionnels différents.
Il faut faire très attention aux raccourcis et comparaisons avec les animaux sauvages (loups, hyènes...). Ces animaux évoluent dans des conditions de vie très différentes de nos animaux domestiques et ayant une finalité de vie tout autre.
Un animal sauvage a comme but ultime de préserver son espèce. Le nombre important d'animaux par portée est là pour combler une forte mortalité. Dans la nature, l'alimentation doit seulement assurer une vie assez longue pour la reproduction et l'éducation de la génération suivante... qu'un animal sauvage vive longtemps ou vieux, la nature elle, elle s'en moque.
Pour exemple, un loup en milieu naturel a une espérance de vie de seulement 6 à 8 ans.
Un animal domestique, nous lui demandons de vivre le plus longtemps possible et surtout le mieux possible. Pour cela, nous devons lui apporter un régime alimentaire adapté à ses spécifiés propres et en adéquation avec son évolution.